Réduction des besoins en eau pour les cultures de carottes

Face aux défis croissants liés à la gestion de l’eau, l’optimisation de l’irrigation devient une priorité pour l’agriculture marocaine. Avec des ressources hydriques limitées et une demande toujours plus forte, il est essentiel d’adopter des pratiques agricoles plus efficaces. L’irrigation déficitaire, qui consiste à réduire l’apport en eau sans compromettre significativement les rendements, représente une alternative intéressante. Une étude récente s’est intéressée à son application sur la culture de la carotte, afin d’évaluer son impact sur la production et l’efficience de l’utilisation de l’eau.

Informations sur l’étude

Cet article présente l’étude scientifique intitulée « The impact of ‘continuous’ deficit irrigation on carrot crop development in the Saïs plain, Morocco », publiée en février 2024.

Cette recherche a été menée par les personnes suivantes : Omnia El Bergui, Mustapha Fagroud, Rachid Bouabid, Youssef Brouziyne, Mohamed Bourioug et Aziz Abouabdillah.

Les auteurs de cette étude sont affiliés aux institutions académiques suivantes : École Nationale d’Agriculture de Meknès (Maroc), Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II (Maroc) et International Water Management Institute (Égypte).

Lien de l’étude : https://www.e3s-conferences.org/articles/e3sconf/abs/2024/22/e3sconf_i2cnp2024_03007/e3sconf_i2cnp2024_03007.html

Sujet de l’étude et paramètres

L’objectif est de déterminer dans quelle mesure il est possible de réduire l’apport en eau sans affecter significativement le rendement, afin d’optimiser l’utilisation de l’eau en agriculture.

Pour cela, cinq niveaux d’irrigation ont été testés, correspondant à différents pourcentages des besoins en eau de la culture (ETc, ou évapotranspiration de la culture) : 125 %, 100 %, 85 %, 75 % et 66 %. L’impact de ces régimes hydriques a été évalué à travers plusieurs paramètres : la croissance des plants, les indicateurs biochimiques liés au stress hydrique, le rendement en carottes récoltées et l’efficacité de l’utilisation de l’eau, soit la quantité de production obtenue par mètre cube d’eau utilisé.

L’objectif est ainsi d’identifier un compromis entre la réduction de la consommation d’eau et le maintien d’un rendement satisfaisant, afin d’adapter les pratiques agricoles aux contraintes hydriques croissantes.

Résultats de l’étude

Les résultats de l’étude montrent que l’irrigation a un impact direct sur le rendement de la culture de la carotte, mais qu’un apport excessif en eau ne se traduit pas nécessairement par une augmentation significative de la production. Le traitement avec 125 % des besoins en eau (ETc) a atteint le rendement le plus élevé, soit 59 tonnes par hectare. Cependant, aucune différence significative n’a été observée entre ce niveau d’irrigation et les traitements à 100 % et 85 % ETc, ce qui indique qu’un excès d’eau au-delà des besoins réels de la plante n’est pas valorisé et peut être perdu.

En revanche, une réduction plus importante de l’irrigation, notamment à 66 % ETc, entraîne une baisse marquée du rendement.

L’efficacité de l’utilisation de l’eau a été la plus élevée pour le régime à 85 % ETc, avec 9,83 kg de carottes produites par mètre cube d’eau utilisé, contre seulement 8,73 kg/m³ pour l’irrigation excessive à 125 % ETc. Ces résultats montrent qu’une irrigation déficitaire modérée permet d’économiser de l’eau sans compromettre significativement la production, ce qui constitue une approche intéressante pour une gestion plus durable des ressources hydriques.

Conclusions de l’étude

Cette étude met en évidence l’importance d’une gestion optimisée de l’irrigation pour assurer une production agricole efficace tout en préservant les ressources en eau. Les résultats montrent qu’un apport en eau légèrement réduit, à hauteur de 85 % des besoins en évapotranspiration, permet d’atteindre un rendement comparable à une irrigation complète, tout en améliorant l’efficacité de l’utilisation de l’eau.

À l’inverse, une irrigation excessive n’apporte pas de bénéfice supplémentaire en termes de production, tandis qu’un déficit trop important entraîne une baisse significative des rendements.

Ces conclusions soulignent la nécessité d’adopter des stratégies d’irrigation raisonnées pour concilier productivité agricole et conservation des ressources hydriques. Dans un contexte de stress hydrique croissant, ces pratiques apparaissent comme des solutions adaptées pour renforcer la résilience du secteur agricole face aux défis climatiques et énergétiques.